Primo, il est vrai que l’opposition aujourd’hui n’est plus ce qu’elle était en 2005. Les amis d’hier s’observent aujourd’hui en chiens de faïence. Les législatives de 2007 bien qu’ayant déterminé le poids de chacun ont plus que jamais rendu impossible toute coalition des forces démocratiques. La CPP le PDR et surtout la CDPA qui hier évoluaient la main dans la main sont devenus des ennemis jurés de l’UFC qui les considère comme des moins que rien, alliés du RPT. Inutile de dire que ces trois partis ne se priveront pas de militer pour l’échec de l’UFC en 2010 et déploieront toute leur énergie pour qu’il en soit ainsi.
Ces partis étant donc éloignés, seule la coalition CAR–UFC est susceptible de dérouter le parti au pouvoir. Mais là aussi, il n’est pas encore temps d’espérer. Les divergences entre les deux partis qu’on dissimule et qui sont très profondes n’incitent pas à l’optimisme. Quand bien même le CAR et l’UFC sont tous opposés aux méthodes du RPT, ils ne semblent pas pour autant prêts à mener des actions de concert. Les deux partis ne se font pas confiance. Cette suspicion s’est aggravée lorsque l’UFC a refusé de partager équitablement avec le CAR les membres de la CENI pour le compte de toute l’opposition. Lors de l’adoption de l’amendement du code électoral, aucun député de l’UFC n’y était. Par contre, le président du groupe parlementaire CAR s’y est présenté pour exprimer sa désapprobation.
Cette «mésentente amicale» entre les deux partis en rajoute aux difficultés qu’éprouve l’opposition à engager la bataille de la rue. Pour faire reculer le pouvoir RPT et faire prévaloir ses exigences, il lui faudra mettre des dizaines de milliers de Loméens dans la rue. Mais avant que l’UFC ne se décide à lui renvoyer l’ascenseur, le CAR n’est pas disposé à s’associer aux initiatives du parti de Gilchrist Olympio pour la remobilisation des populations. Récemment, une démarche de la jeunesse de l’UFC en direction de la jeunesse du CAR à cet effet n’a abouti à aucune décision. L’UFC est ainsi condamnée à mettre seule sa menace à exécution. Ce qui n’est pas de nature à inquiéter l’adversaire commun qui, en plus de la violence légale dont il se prévaut, considère qu’il a la situation en main.
Secundo, c’est le peu d’enthousiasme affiché par la communauté internationale plusieurs fois sollicitée à intercéder en faveur de l’Opposition en vue des réformes institutionnelles. Cela est dû en partie au fait que ces partenaires internationaux font de plus en plus confiance au président du Faso surtout en raison de ses efforts unanimement salués pour le processus de paix en Côte d’ivoire. Désormais consacré Grand médiateur en Afrique de l’Ouest, Blaise Compaoré qui, comme en 2005, considèrerait que la réélection de Faure est un gage de stabilité indispensable à l’usage du Port de Lomé n’aurait pas trop de difficulté à convaincre les partenaires européens au profit du pouvoir en place.
Tertio, le changement de régime au Ghana voisin aurait pu être un réconfort pour l’opposition. A l’issue d’une audience que le nouveau président ghanéen compagnon de J.J. Rawlings au cousin de ce dernier qu’est Gilchrist Olympio,un communiqué rendu public par l’UFC avait annoncé la disponibilité du pouvoir de ATTA-MILLS à s’impliquer pour la réussite du processus électoral au Togo. Plus encore, dans une interview le président de l’UFC avait déclaré qu’il avait été installé comme un chef d’Etat lors de l’investiture de John Atta-Mills.
Les autorités togolaises ayant perçu ces déclarations comme annonçant le soutien du pouvoir ghanéen à l’opposition togolaise auraient mis la pression sur le nouveau pouvoir ghanéen qui, pour éviter des ennuis avec un voisin devant une opposition ghanéenne aux aguets, multiplie en ce moment des gestes pour rassurer Faure Gnassingbé. A cet effet, des émissaires du président ghanéen ont effectué des missions à Lomé. Comme pour isoler Gilchrist Olympio qui compterait sur le soutien des autorités ghanéennes.
Quarto, les soubresauts politiques qui se signalent un peu partout en Afrique rendent la situation togolaise moins préoccupante. En ce moment, les projecteurs sont braqués sur Madagascar où un président illégitime a le soutien de l’armée. Le Zimbabwe où rien n’est encore joué entre Mugabé et son adversaire Premier ministre Tzvanguirai, le Soudan où l’inculpation de Omar El Béchir n’arrange rien à la situation au Darfour, la Guinée Bissau guettée par l’anarchie, la Guinée Conakry où la junte a maille à partir avec la classe politique et la société civile, la Mauritanie où le Général putschiste s’oppose au retour à l’ordre constitutionnel et enfin la Côte d’Ivoire où règne une paix fragile après la guerre. Dans les cinq derniers pays, tous de l’Afrique de l’Ouest, presque en Etat d’exception, des élections sont annoncées dans l’incertitude totale. Il n’en faudrait donc pas plus pour reléguer le Togo au rang des pays où la situation est moins préoccupante. En tout état de cause, le peu d’intérêt accordé à la situation politique au Togo en raison des crises déclarées ailleurs en Afrique permettent au pouvoir togolais d’évoluer à sa guise.
SOURCE: JOURNAL LE REGARD
http://www.togoforum.com/Presse/Regard/RegardAvril2009.htm
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